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Cadre de vie Urbanisme

La cité administrative transformée en parc !

En refusant de céder ce terrain central aux promoteurs, la municipalité a fait de ce site un parc urbain exceptionnel qui permet aux Toulousains de ne plus s’entasser dans les parcs de Compans Cafarelli et du Grand Rond ou de tenter la fuite en voiture à chaque canicule. Cinq questions à Bertrand Lastours, Directeur de l’Urbanisme de Toulouse Métropole.

Quel est le coût pour la collectivité ?
Entre gagner quelques millions d’euros et accueillir des centaines de milliers de Toulousains chaque été, nous n’avons pas hésité, la ville n’est pas à vendre. Un comptable ou un promoteur verra dans cette opération un manque à gagner, nous y voyons la réponse à un enjeu commun, l’adaptation aux épisodes de canicules. Il y a en a 7 ou 8 par an, sans compter les étés difficiles et on ne peut pas déplacer tous les habitants sur l’île du Ramier, il faut des espaces végétaux au cœur de la ville pour abaisser la température des bâtiments.

Pourquoi avoir créé ce parc ?
Parce que les Toulousains suffoquent de Mai à Septembre ! Seuls les plus privilégiés disposent d’un jardin ou d’une terrasse. On ne pouvait ignorer la demande de fraicheur plus longtemps de tous les autres. Les chercheurs ont passé des dizaines d’années à concevoir de petits ilots de fraicheurs dont les résultats sont insatisfaisants. Avec un parc de cette taille et autant d’arbres, les premiers résultats d’abaissement de température sont déjà là. Par ailleurs, cela avait du sens à proximité de la faculté de l’Arsenal, à laquelle nous avons demandé de réduire de 80% ses parkings puisque les stations Compans et Capitole sont à moins de 5 minutes de ce site. Enfin, cet espace vert est un prolongement quasi direct du parc de Compans Cafarelli, nous avons tenté d’étendre le corridor écologique jusqu’au Canal de Brienne pour l’avifaune, les insectes et les plantes.

Mais il faut densifier la ville pour éviter de construire en campagne ?
Je ne crois pas que la politique de densification de ces 20 dernières années ait fait ralentir les constructions en périphérie ! Si on ne crée pas des espaces confortables en ville, les habitants, même les plus écolos, voudront toujours leur espaces de jardin et leur maison individuelle en périphérie. La métropole a ralenti sa croissance démographique, il est temps d’arrêter de vouloir remplir chaque espace avec un bâtiment alors que d’autres sont vides comme l’Hôtel Dieu. L’idée en vogue dans les années 70 de construire des bâtiments hauts avec des espaces verts au sol a donné de grands ensembles discontinus que nous ne souhaitons plus aujourd’hui. Le principe était bon mais cette densité est souvent mal vécue et cet urbanisme isole des secteurs, il ne « fait pas ville ». Nous préférons densifier en ajoutant un étage sur les bâtiments de 2 à 3 niveaux fréquents dans la ville. L’autorisation systématique d’un étage supplémentaire dans le quartier des chalet est un exemple, à condition de déminéraliser et verdir certaines rues et de ne pas construire en cœur d’îlot par exemple.

Y aura-t-il des commerces sur ce site ?
Nous organisons un calendrier de d’occupation du parc par des food trucks qui ont du mal à trouver des sites réguliers sur la métropole. Ils créent une présence, apportent un service et ne demandent pas de créer des infrastructures lourdes pour les accueillir, nous avons choisi cette occupation « légère ». Nous espérons que l’attractivité du parc bénéficiera aussi à la galerie marchande de Compans Cafarelli qui est à la peine depuis 15 ans.

Vous avez gardé 2 bâtiments, pourquoi ?
Ces 2 bâtiments étaient en bon état et s’inscrivaient dans la continuité du quartier. Nous les remettons aux normes et envisageons d’y intégrer une crèche, une école ou des logements dans l’avenir. Certains bureaux initialement prévus dans la Tour Occitanie pourraient également être accueillis ici. A ce stade, ce besoin n’est pas avéré.